C’est quoi la Gouvernance ?

chessVoilà une question à laquelle un jour ou l’autre le Laboratoire de la Gouvernance se devait de réfléchir et d’apporter une réponse. Le Larousse, toujours perspicace dans ses définitions, définit la gouvernance comme « l’action de gouverner ». Qui dit mieux ? Nous, ou du moins nous allons tenter de mieux comprendre ce qu’implique ce phénomène pour mieux le définir.

Tout d’abord, un premier aspect qui ne vous a pas échappé, c’est l’utilisation massive du terme dans tous les secteurs d’activités. La « gouvernance » est un « mot d’ordre », une « formule ronflante », un « buzzword » auquel beaucoup ont succombé. Ayant pêché, nous ne jetterons pas la première pierre. Mais comment expliquer ce succès planétaire ?

Nous pensons que la réussite du terme est emblématique du besoin de concevoir un nouveau mode de gestion et d’administration. Si ce besoin de changement du mode de gestion est réel (comme le montre le Printemps Arabe), il n’est cependant pas certain que ce changement organisationnel soit devenu une réalité.

Pour qu’il y est changement des politiques de gestion, il faut 1) une mutation des objectifs des politiques (le référentiel cognitif) 2) une modification des instruments qui permettent de mettre en place l’action (les acteurs et les outils) 3) une transformation des cadres institutionnels (le contexte). S’il est clair que les instruments ont changé (le new public management a par exemple imposé la performance quantitative), que le cadre normatif et juridique a lui aussi évolué (tel que les normes de bonne gouvernance), le référentiel cognitif n’a par contre pas été remis en question. Le paradigme économique néolibéral, l’individualisme et la conception wébérienne de l’État se sont au contraire renforcés avec l’imposition de la notion de crise économique. Ainsi, si l’on considère que les structures (économiques, sociales, institutionnelles, cognitives, etc.) sont le reflet d’un rapport de domination, c’est-à-dire d’une relation stabilisée dans laquelle un groupe social fait valoir ses intérêts en même temps qu’il fait reconnaître la supériorité de sa vision du monde, alors la force avec laquelle s’est imposée le terme « Gouvernance », et tout ce qu’il implique, témoigne de l’état actuel des rapports de domination.

echecCertains considèrent que c’est au contraire le pouvoir croissant de la société civile qui a imposé un nouveau mode de gouvernement de l’État et des entreprises (corporate governance). Pourtant, ce terme a été diffusé dans les années 90 par la Banque Mondiale et est rapidement devenu une condition nécessaire des politiques de développement. Il dessine les contours de la politique de l’État et des acteurs économiques qui concernent des domaines aussi divers que la sécurité, le développement durable, les Droits de l’homme, la pauvreté, la corruption, etc. C’est dans cet objectif que la société civile est associée et acquière une fonction de légitimation de la vision politique dominante (basée sur l’économie de marché).

Mais nous n’avons toujours par répondu à la question : à quoi correspond la gouvernance ? Il s’agit d’une orientation stratégique, une vision du processus décisionnel, plus transparent, plus redevable et responsable et plus participatif. Cette nouvelle doctrine de gestion ne peut être contestée (qui voudrait une gouvernance moins transparente ?). Cependant, il n’existe pas de consensus sur la manière d’exécuter les politiques de changement social, économique et politique. En effet, ce sont les acteurs eux-mêmes, dans un contexte local (par exemple une entreprise ou une institution publique), qui vont définir ces principes et leurs implications, en fonction de leurs exigences. C’est au sein de ce contexte local que s’exercent les rapports de force entre les acteurs, pour définir le cadre normatif. Mais cette négociation ne s’exerce pas dans un vacuum, elle existe dans une situation de pluralisme normatif où le référentiel cognitif collectif reste important.

C’est donc dans ce contexte de négociation, en ayant conscience du jeu des acteurs, des enjeux et des normes régissants les interactions sociales que le Laboratoire de la Gouvernance propose son expertise. Nos experts en anthropologie, sciences politiques et sciences économiques sont en effet à votre écoute pour vous accompagner dans vos changements organisationnels.

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