Hollande et Sarkozy : les programmes économiques, ces inconnus

Une campagne électorale doit être, pour les candidats, l’occasion de se différencier en montrant clairement que, s’ils étaient élus, ils feraient du meilleur travail que les autres. Ces dernières années, cette compétition pour se démarquer a surtout été l’occasion de personnaliser le débat et de faire des petites phrases assassines qui font beaucoup rire quand elles passent à la télé mais ne font pas beaucoup avancer le débat. Mais qu’en est-il des vrais divergences entre François Hollande et Nicolas Sarkozy?

Ces petites phrases assassines ont pu renforcer l’idée, déjà très développée dans une grande partie de l’électorat, que finalement tous les partis et tous les candidats se valent et que, finalement, les décisions prises resteront les mêmes quels que soient les gouvernants. D’ailleurs, les grandes décisions de politique économique, depuis 1983 et le tournant de la rigueur, sont toutes inspirées du même courant de pensée, le libéralisme économique, et de sa variante la plus récente, le monétarisme. La dérèglementation financière, la diminution du rôle de l’Etat au profit des marchés et l’idée que les services publics doivent être dirigés comme des entreprises ont dominé les discours des principales formations politiques depuis.

Mais les récentes crises financières et économiques, commencées en 2007 avec la crise des subprimes, ont montré à quel point ce modèle pouvait être erroné, et combien, à trop laisser de pouvoirs aux marchés, on ne leur donne que plus de possibilités de se détruire eux mêmes. C’est dans ce contexte qu’a lieu l’élection présidentielle française de 2012, et les candidats doivent en tenir compte dans leurs programmes. En particulier, les deux présents au second tour, François Hollande pour le Parti Socialiste et Nicolas Sarkozy pour l’Union pour un Mouvement Populaire, ont cherché chacun à défendre leur vision de l’économie. Hollande s’est posté en opposition avec les excès de la finance, cherchant à atténuer les effets de la crise et à s’opposer à la rigueur à tout prix. Sarkozy, lui, s’est présenté comme réaliste et pragmatique, en continuant sur le registre du serrage de ceinture, tout en proposant toutefois des réformes pour relancer l’économie. Ce simple résumé, très schématique évidemment, pousse déjà à se poser la question : qu’est-ce qui différencie, concrètement, les propositions des deux candidats en matière économique ? A quelles logiques correspondent leurs programmes respectifs ? A travers certaines mesures qui semblent particulièrement importantes ou symboliques, je vais essayer d’apporter un début de réponse à ces questions, avant tout dans le but d’inviter au débat. Et, à mon avis, c’est bien de débat économique dont on a manqué durant cette campagne, la plupart des médias évitant scrupuleusement de trop parler de ce sujet complexe, ce qui est très regrettable pour notre Démocratie d’autant que, dans les programmes en tout cas, les deux candidats proposent réellement des choses différentes.

La fiscalité, ou comment être ferme mais pas trop

La fiscalité, qui touche directement les citoyens, a été pratiquement le seul élément de politique économique à susciter de vrais débats pendant la campagne, même si ces débats étaient souvent caricaturaux. Par exemple, les médias se sont beaucoup concentrés sur la question des 75% d’imposition au-delà d’un million d’euros de revenu annuel, proposé par François Hollande, bien que cette mesure soit en fait plus symbolique qu’autre chose (1). En effet, le nombre très important de niches fiscales pour les très riches fait qu’au final, cette hausse d’impôt ne rapporterait pratiquement rien à l’Etat, comme le montrent les simulations faites grâce au site de Thomas Piketty. En revanche, cette proposition est bel et bien un symbole fort qui vise à montrer la volonté de justice sociale affichée par le candidat socialiste, en particulier après les excès des années précédentes.

Cette idée de justice est d’ailleurs reprise, d’une manière différente, par les deux candidats du second tour. Ainsi, pour lutter contre l’évasion fiscale, Nicolas Sarkozy propose de créer un impôt sur les exilés fiscaux « qui s’installent à l’étranger uniquement pour des raisons fiscales » (proposition n°7). C’est tout à fait louable, mais la question des moyens utilisés pour trouver les exilés fiscaux reste posée. François Hollande, pour sa part, se montre beaucoup plus ambitieux à ce sujet, proposant la création d’une tranche d’imposition supplémentaire pour les ménages gagnant plus de 150 000 euros par part, et en se dirigeant vers des impôts plus progressifs (propositions 14 à 17). Il reste, bien entendu, très prudent, mais continue dans la logique d’une plus grande participation financière des plus riches, là où Mr Sarkozy tend plus à voir les impôts comme des pertes sèches pour la société qui découragent l’initiative privée.

Nicolas Sarkozy propose toutefois un impôt minimal sur les grands groupes (proposition 15 du programme chiffré), assis sur le bénéfice mondial et non plus seulement sur l’activité réalisée en France. Cette idée, très intéressante car elle cherche à s’opposer à la bonne vieille méthode des prix de transfert, qui permettent aux entreprises multinationales de localiser leurs bénéfices là où la fiscalité est la moins lourde, a pour objectif de lutter contre les délocalisations en poussant les entreprises à localiser leurs bénéfices en France. Dans le même but, François Hollande propose d’aider les entreprises qui localisent leur activité en France par des allègements fiscaux et des financements publics (proposition n°3). Ici, la position de Mr Hollande, si elle n’apporte rien de très original, et reste tournée vers le soutien à l’initiative privée plutôt que sur l’action directe des pouvoirs publics, semble plus réaliste que celle de Mr Sarkozy. En effet, cette idée d’un impôt sur les bénéfices mondiaux pose des questions pratiques non négligeables. Par exemple, cela signifie que les bénéfices qu’une multinationale française réalise en Belgique seraient imposés à la fois en France et en Belgique. Cela s’oppose clairement au principe de territorialité de l’impôt sur les sociétés, et est donc tout simplement illégal. Bien entendu, il est possible de changer la loi et de modifier les accords internationaux, mais la position très affaiblie de Mr Sarkozy à l’étranger ainsi que son programme européen rendent cela difficile.

Le principal argument fiscal du programme de Sarkozy reste toutefois la question de l’allègement des charges sociales (proposition n°3). Persuadé que le vrai problème de l’économie française, c’est son manque de compétitivité dû à un coût du travail trop élevé, il cherche à réduire ce coût en réduisant les cotisations sociales. En baissant ces cotisations, que doivent payer les employeurs pour chacun de leurs employés, Mr Sarkozy espère que la France pourra retrouver de la compétitivité-prix, en baissant ainsi le coût de la production. Dans ce sens, la mesure emblématique reste la fameuse TVA « sociale », que le candidat socialiste a promis d’abroger s’il était élu. Celle-ci correspond à une diminution des charges sociales, compensée par une hausse de la TVA. Cette dernière étant un impôt indirect payé sur tous les produits achetés en France, elle pèse nécessairement sur le pouvoir d’achat lorsqu’elle augmente, même si le programme de l’UMP affirme que la TVA sociale ne fera pas augmenter les prix, ce qui en soit est déjà absurde. Pour que les prix n’augmentent pas malgré l’augmentation de la TVA, il faudrait que les entrepreneurs choisissent de ne pas répercuter sur la hausse sur les prix, ce qui semble totalement impossible, parce que cela attaquerait leur marge qui est déjà menacée par la crise, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Pour les mêmes raisons de marge, il est peu probable que cette mesure fasse augmenter les salaires perçus par les salariés, car pour cela il faudrait que les entrepreneurs laissent leur coût salarial total inchangé, et du coup ils ne gagneraient pas en compétitivité. Le véritable problème dans l’économie actuelle provient bien plus d’une faiblesse de la demande que d’un coût du travail trop élevé, et d’ailleurs des années d’allègement de charges sociales, qui n’ont pas empêché l’explosion du chômage, le montrent bien. Cette politique de diminution du coût du travail ne peut suffire à relancer l’économie, surtout au vu de la gravité de la crise actuelle, qui nécessite de faire de véritable choix de sociétés pour espérer en sortir.


Quelle relance pour quelle société ?

Car, on pourrait l’oublier au milieu des polémiques sur la viande hallal, mais nous sommes actuellement au cœur d’une crise, ou même plutôt d’une série de crises financières et économiques majeures, série qui est d’ailleurs loin d’être terminée. La réponse à cette situation se doit bien entendu d’être globale, ou au moins européenne, mais les politiques nationales ont aussi leur rôle à jouer, contrairement à ce qu’on entend souvent dans les médias, qui nous répètent à longueur de temps que l’Etat ne peut rien faire pour lutter contre les marchés. De fait, les deux candidats au second tour proposent des mesures pour sortir de la crise. Certaines se retrouvent dans les deux programmes, par exemple la construction de logements, mais selon des modalités différentes : là où l’UMP souhaite augmenter les droits à construire pour que les marchés s’occupent de faire baisser les prix par une augmentation de l’offre (proposition n°8), le PS envisage de faire construire « 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants » d’ici à 2017. Cette opposition entre un Etat qui facilite l’action des marchés (pour l’UMP) et un qui se substitue aux marchés lorsque ceux ci sont déficients (pour le PS) se retrouve dans le reste des programmes.

Ainsi, les deux candidats parlent des PME, qui sont selon eux un élément central de la relance de l’économie, mais de manière différente. Nicolas Sarkozy propose ainsi de « réserver une partie des commandes publiques aux PME européennes » (proposition n°4), sur le modèle du Buy American Act aux Etats-Unis. A noter d’ailleurs que cette loi américaine compte des conditions et des exceptions si nombreuses (2) que son application est finalement très limitée en pratique. De plus, l’UMP propose de faire l’avance du crédit impôt recherche aux PME, ce qui est une bonne idée, mais les difficultés principales de ces entreprises reposent plutôt sur la possibilité d’avoir accès au crédit auprès des banques. A ce titre, la proposition de François Hollande de créer une banque publique d’investissement dont le but serait de soutenir les PME et les industries innovantes (proposition n°1) apparaît comme très intéressante, et permet pour ces entreprises de compenser le coût d’un éventuel « coup de pouce » au SMIC. Bien entendu, la question du financement de cette banque et de ses taux d’intérêts, entre autres choses, demeure problématique, mais l’idée reste bonne, et représente un retour relatif de l’Etat dans le financement de l’économie.

A propos de la finance, il faut remarquer que le programme de François Hollande compte plusieurs propositions de réforme du secteur financier, comme par exemple la séparation des activités de dépôt et des activités spéculatives des banques, l’interdiction aux banques françaises d’exercer dans les paradis fiscaux ou l’encadrement des bonus (proposition n°7). On peut regretter que rien ne soit dit sur les produits dérivés ou la régulation des marchés de gré à gré, entre autres, mais il s’agit, au moins dans le discours, d’un premier pas appréciable. En revanche, le flou de ces mesures est très préjudiciable, et on peut s’interroger sur les modalités et les autorités responsables du contrôle de la finance. Dans le même temps, l’UMP n’aborde pour ainsi dire pas la question, à part pour parler d’une taxe sur les transactions financières, ce qui constitue d’ailleurs là aussi un pas intéressant. Cependant, dans les deux cas, on peut craindre qu’il ne s’agisse que d’une prise de position opportuniste, visant à profiter de la très mauvaise image de la finance. Le simple fait que le sujet soit évoqué est déjà une avancée considérable, mais il faut espérer que la pratique du futur Président ira un minimum vers un meilleure régulation du secteur financier.

Les deux programmes apparaissent donc réellement différents, tant du point de vue fiscal que du point de vue de la politique de relance. Nicolas Sarkozy cherche, en accord avec les théories économiques dominantes depuis les années 80, à utiliser la puissance de l’Etat pour encourager les entreprises privées à relancer la production, par des allègements de charges et une diminution du nombre de normes (proposition n°4). François Hollande, quant à lui, veut renforcer l’intervention de l’Etat en augmentant sensiblement les impôts pour les plus riches et en créant un pôle financier public, entre autres. Ces positionnements divergents s’expliquent d’abord par un rapport différent à la dette publique et à l’équilibrage des comptes de l’Etat.

La France, la Dette, l’Europe (dans le désordre)

Les deux candidats affichent ainsi pour objectif le retour à l’équilibre, avec un déficit public nul, mais ils ne placent pas ce retour à l’équilibre à la même année. Ainsi, Mr Sarkozy estime cela possible pour 2016 alors que Mr Hollande place le retour à l’équilibre en 2017. Le candidat de l’UMP est ainsi beaucoup plus ambitieux que son adversaire dans la réduction des dépenses publiques, appliquant ce principe maintes fois répétées qu’on ne peut dépenser l’argent qu’on ne possède pas.

A noter d’ailleurs que, dans le cas des Etats, ce principe est très contesté. John Maynard Keynes, l’un des économistes les plus influents du XX ème siècle, explique ainsi dans son ouvrage principal, « La théorie générale », que les collectivités publiques ne peuvent pas efficacement réduire leur dette en dépensant moins. En effet, un individu qui diminue ses dépenses ne diminue pas ses recettes, ce qui, selon Keynes, n’est pas le cas d’un Etat. Par exemple, si je m’endette pour acheter une voiture, je peux réduire mes sorties au restaurant ou au cinéma afin de dégager de l’argent pour payer ma dette. Mais quoi que je dépense, ça ne changera rien à mon salaire. En revanche, si un Etat réduit, par exemple, l’aide publique aux entreprises, ou la dotation des collectivités territoriales, cela va diminuer l’activité économique, puisque les entreprises ou les collectivités auront moins de moyens financiers. Si l’activité économique ralentit, cela va entraîner une hausse du chômage et de la pauvreté. Et, si le chômage et la pauvreté augmente, l’Etat recevra moins d’impôt, puisque les ménages auront moins de revenus imposables. Donc, en réduisant ses dépenses, l’Etat réduit aussi ses recettes, et le déficit public ne diminue pas, ou pas suffisamment.

Le point de vue opposé, pour simplifier, a été théorisé par Milton Friedman, lui aussi un très grand économiste. Friedman affirme, pour sa part, qu’une augmentation de la dépense publique pour augmenter l’activité économique et donc relancer l’économie (la préconisation principale de Keynes) n’a aucun effet à long terme. Il estime en effet que, si l’Etat injecte plus d’argent dans l’économie, les ménages vont, après un petit temps d’adaptation, réduire leur consommation, de façon à ce que le niveau d’activité rejoigne ce qu’il était avant le plan de relance. Sa conclusion est donc qu’un plan de relance peut améliorer les choses à court terme, mais qu’à long terme il est inefficace et même nocif puisqu’en augmentant inutilement la quantité de monnaie, il entraîne une hausse des prix qui fait perdre du pouvoir d’achat aux ménages.

J’avoue avoir beaucoup simplifié et schématisé les théories des deux très grands économistes qu’étaient Keynes et Friedman, mais c’était pour rester compréhensible. De plus, dans le cadre de cet article, ce n’est pas illogique, car nos dirigeants, très souvent, n’ont pas une bonne connaissance des théories économiques, et ne choisissent leurs politiques qu’en fonction de ce qu’ils savent de l’économie. Et, en général, ce qu’ils savent de l’économie se réduit à des simplifications d’idées très complexes. Les économistes qui sont chargés de les conseiller ont, depuis bientôt trente ans, été beaucoup plus influencés par Friedman que par Keynes, et encore aujourd’hui l’idée que la dépense publique ne sert à rien pour sortir d’une crise est largement dominante, en particulier chez les journalistes, ce qui réduit un peu les possibilités de débat public, il faut bien le dire. Pourtant, aujourd’hui, l’échec total des plans de rigueur européens semble donner raison, au moins partiellement, à Keynes, d’autant que les Etats-Unis, qui ont mis en place un plan de relance absolument colossal, commencent à voir des signes d’amélioration de leur situation. Même le FMI, actuellement, conseille aux pays européens de réduire leurs efforts d’austérité s’ils ne veulent pas détruire leur croissance économique. Et, à ce sujet, le programme de François Hollande est très largement et très clairement supérieur à celui de Nicolas Sarkozy. Ce dernier compte en effet presque exclusivement sur l’action du secteur privé, renforcé par les baisses d’impôt et de charges, pour relancer l’économie. Or le secteur privé, à l’heure actuelle, n’investit clairement pas assez, pour plusieurs raisons, le coût du travail n’en étant qu’une parmi d’autres, et probablement pas parmi les plus importantes.

Le candidat socialiste, quant à lui, promet de « réorienter la construction européenne » en renégociant « le traité issu de l’accord du 9 décembre 2011 en privilégiant la croissance et l’emploi » (proposition n°11), ce qui peut être très positif. Toutefois, là aussi, les propositions précises manquent cruellement, et le discours de Mr Hollande reste très rigoriste, certainement pour attirer les électeurs du centre, entre autres choses. Sur cette question de la position à avoir vis-à-vis de l’endettement public, il prend certes une position beaucoup plus keynésienne que son adversaire, mais la question reste posée : au final, leurs différences ne sont elles pas seulement marginales ? Ne sont-ils pas d’accord sur les choses les plus importantes et les plus centrales, par exemple la nécessité de réduire le déficit public à tout prix ?


Deux programmes opposés, ou deux variantes d’un même programme ?

Sur ce point, la réponse est relativement claire, du moment qu’on ne s’intéresse qu’aux programmes : il s’agit bel et bien de deux programmes opposés, car les engagements de François Hollande, s’il décide de les suivre, représentent bel et bien une sortie de l’austérité à outrance que tous les dirigeants européens, Nicolas Sarkozy en tête, ont imposé à leurs peuples ces dernières années, et cela sans jamais tenir compte des résultats désastreux de leurs politiques. L’augmentation de l’investissement public, la création de 150 000 emplois d’avenir (proposition n°34 de Mr Hollande), surfant sur les bons résultats des emplois jeunes, (3) et plusieurs autres propositions, représentent de réels changements par rapport à la politique économique appliquée ces dernières années. Des imprécisions demeurent, par exemple sur le thème des niches fiscales ou de la régulation du secteur financier, ou même, ce qui est plus grave, sur les mesures de réduction des dépenses qui vont être mises en œuvre (puisque le chiffrage à la fin du programme de Mr Hollande indique une diminution de 2,6 points de PIB de la dépense publique de l’Etat). Ces imprécisions peuvent s’avérer particulièrement grave si la crise devait empirer. Si la spéculation sur les dettes publiques reprenait, ce qui paraît assez probable à moyen terme (et peut-être même plus tôt que ça), la réaction de Mr Sarkozy, s’il était réélu, serait assez prévisible : il continuerait la même politique que précédemment, cherchant à réduire le déficit de l’Etat en sacrifiant de plus en plus de dépenses. Son programme chiffré indique ainsi qu’il souhaite diminuer la dotation des collectivités territoriales, (4) alors que celles ci sont à l’origine de près de 70% des investissements publics. (5)

En revanche, la réaction du Président Hollande à une aggravation de la crise, s’il était élu, est beaucoup plus imprévisible. Choisirait-il de retourner vers une rigueur exagérée pour rassurer les agences de notation et les banques détentrices de dette publique ? Ou choisirait-il de continuer sur une politique d’inspiration keynésienne, telle qu’esquissée dans son programme, en hésitant constamment entre rigueur et relance ? Ou, enfin, trouverait-il dans cette aggravation une raison de changer enfin la politique économique du pays en allant clairement et franchement dans le sens d’une plus grande intervention de l’Etat, une intervention certes raisonnée et raisonnable, mais ambitieuse ? S’il est élu, comme le prévoient les sondages, François Hollande devra diriger, avec son parti et ses alliés, la France dans certaines des années les plus cruciales de ce début de siècle. Si beaucoup pensent que Mr Sarkozy serait un meilleur dirigeant en temps de crise, je me permets de rappeler que son bilan dit le contraire. Quoi qu’il en soit, les années qui sont devant nous seront des années charnières, celles où les pays développés choisiront de leur prospérité ou de leur misère. Les élections présidentielles nous donnent la possibilité, à nous, simples citoyens, d’influencer ce choix, mais elles ne sont que le début de l’engagement. Notre destin collectif dépendra avant tout de la capacité de chacun à s’engager et à défendre ses idées, ses convictions, pour faire émerger des solutions. Mais il ne faut pas cesser d’agir et de se poser des questions car, comme le disait Edmund Burke, « Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien. » Le plus bel acte démocratique, aujourd’hui, c’est de ne pas être inactif.

(1) Voir à ce sujet l’article du monde : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/28/tranche-d-imposition-a-75-ce-que-signifie-la-proposition-de-m-hollande_1649139_1471069.html
(2) Voir à ce sujet : http://recovery.arkansas.gov/ade/pdf/buy_american_act_031909.pdf
(3) A ce sujet, voir l’extrait d’article suivant : http://www.alternatives-economiques.fr/emplois-jeunes—bilan-positif_fr_art_206_24245.html
(4) Voir aussi cet article : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/12/15/l-ump-veut-diminuer-de-10-milliards-d-euros-sur-cinq-ans-les-dotations-aux-collectivites-territoriales_1619308_1471069.html
(5) Chiffre trouvé sur le site gouvernemental vie publique, à l’adresse suivante : http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/collectivites-territoriales/depenses/quel-est-role-collectivites-territoriales-matiere-investissement-public.html

Une réflexion au sujet de « Hollande et Sarkozy : les programmes économiques, ces inconnus »

  1. Sans être une prosarkosiste, Ce texte de Tesson me semble assez juste sur la situation actuelle dans laquelle nous sommes, personne n’a la réponse au final, car Hollande lui même, ne l’a pas.
    Comment faire valoir ses droits à ce jour, quand la France vient réellement de se diviser et de laisser une place émergente au FN pour 2017 ?

    http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/philippe-tesson/tesson-hollande-homme-d-apaisement-et-d-illusion-07-05-2012-1459008_543.php

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