Suite à ce premier cycle de jeu-débat, nous avons déjà plus d’une centaine de projets politiques débattus, plein de retours intéréssants et des photos à vous présenter!

Le jeu-débat Governic a été joué lors de rencontres publiques, pour le moment à 3 reprises, à Saint-Dié et Nancy. Il s’agit d’une rencontre plébiscitée par les participants, tous sont restés scotchés à leurs sièges pendant des heures pour débattre de leurs idées politiques et avancer dans le jeu.

Pour certains joueurs, le jeu Governic s’est révélé une expérience marquante. Ils ont pu apprendre à défendre et tester leurs idées et ainsi s’exprimer en public, à penser stratégiquement pour gagner, à concevoir des alliances pour s’en sortir. D’autres ont même considéré que le jeu à un intérêt pédagogique et didactique et devrait être introduit dans les écoles pendant la classe d’éducation civique. Mais ce qui est particulièrement intéréssant, c’est comment les joueurs s’y sont pris pour avancer dans le jeu.

Nous nous sommes aperçu que souvent, les joueurs ne font pas abstraction de leur réalité, mais la reproduisent dans le jeu. Par exemple, un chômeur a tendance à proposer des projets sur l’intégration dans le monde du travail, une maman sur l’amélioration des écoles, un écologiste sur le développement durable, etc. Chacun cherche donc à défendre ses intérêts et sa vision de la société en jouant sur sa légitimité et donc son expérience dans le domaine pour avancer ses idées. Pour autant, le statut socio-économique d’une personne ne détermine pas forcèment sa position idéologique (fort heureusement!). Par exemple, un médecin a défendu un système de redistribution où les riches doivent encore plus payer pour aider les moins fortunés. En outre, la notion d’âge est prépondérante dans le choix des projets proposés.

Le jeu introduit des inégalités fortes entre les joueurs (voir règles du jeu), l’un jouant nanti, un autre aisé et les autres démunis. Ces inégalités ont eu un impact sur la stratégie des joueurs, mais pas autant que nous l’avions imaginé en concevant le jeu. Certains se sont pris au jeu, usant de mauvaise foi pour ne pas voter pour les projets des adversaires. Mais la majorité des joueurs a préféré rester intègre par rapport à ses positions politiques, ne voulant pas paraître hypocrite seulement pour gagner. En outre, la plupart des joueurs n’ose pas remettre en question les règles du jeu, bien qu’elles soient inégalitaires. La majorité accepte ces inégalités, seule une petite minorité essaie de convaincre les autres qu’il faut changer les règles ou essaie de tricher.

Certains stratèges ont vite compris que pour gagner, il valait mieux défendre des projets politiques consensuels, où en phase avec la conception politique de la majorité des joueurs. Défendre la démocratie est toujours plus populaire qu’augmenter les impôts. En outre, certains projets trop techniques où abstraits seront moins rentables en gain de points « réputation ».

Nous nous sommes également aperçu que le niveau d’étude ou de préparation influence l’échelle des projets. Un diplômé a tendance à proposer des projets de changement sur grande échelle (par exemple l’abolition du sénat ou des départements, un gouvernement supranationale mondiale, etc.). Les personnes moins ou non diplômées proposent des projets en lien avec la dimension locale, en rapport avec la vie quotidienne, avec des résultats dans l’immédiat et le concrêt. Enfin, les joueurs étrangers (par exemple des immigrés Africains), bien que séjournant en France, ont très vite proposé des projets politiques pour leur pays d’origine, en lien avec leur identité.

En conclusion, le jeu se révèle intéréssant d’un point de vue sociologique et les projets politiques semblent réprésenter les considérations actuelles des Français. Nous avons hâte de continuer ce cycle de jeu-débat. Viendrez-vous?

Nous vous proposons une liste presque exhaustive des projets politiques qui ont été présentés par les joueurs: