L’importance du jeu

biglieSans incommoder la théorie des jeux, Nash et tous les mathématiciens et économistes du XXème siècle, ni l’abstraction et la métaphysique du dernier ouvrage d’Hermann Hesse[1], nous voulons ici motiver le choix d’un jeu pour exemplifier le rôle des citoyens au sein de la politique.

Si jusqu’il n’y a pas longtemps le jeu était considéré comme un pur divertissement et une distraction qui éloignait les enfants de l’apprentissage « réel » et sérieux (mis à part les rares jeux didactiques), les études pédagogiques du XXème siècle ont au contraire démontré toutes les caractéristiques formatrices du jeu.
De plus, aujourd’hui les institutions les plus grandes (UE, UNESCO, etc.) et beaucoup de pays reconnaissent l’éducation informelle et non-formelle, ainsi que le curriculum (=programme scolaire) implicite, comme aussi importants que l’éducation formelle et le curriculum officiel.

Apres le travail de Maria Montessori, Piaget, et tant d’autres pédagogues du siècle passé, A. Michelet (ancien président d’ICCP – International Council for Children’s Play) affirme que « toutes les démarches de la pensée, même les plus complexes, ont leurs racines dans des jeux simples ».

Or, le jeu Governic (développé par le Laboratoire de la Gouvernance et joué à l’occasion de ses débats publiques) n’est pas simple, ni bref, et pourtant jeunes et adultes ont passé des heures à jouer. Grace à l’approche ludique, l’intérêt des participants est tout de suite suscité. L’apprentissage du fonctionnement des démarches politiques au sein de notre société (devenir maire, conseiller régional ou député ; utiliser les medias, faire jouer ses relations, acquérir de la réputation) est spontanée et ne demande pas d’effort.

Tout jeu est caractérisé par une valeur de relation : en jouant, chaque joueur est en rapport avec les autres et doit apprendre des règles, pas seulement relatives au jeu, mais de comportement et de relation : tolérance pour les idées des autres, respect pour les points de vue que différents du notre, respect des tours de prise de parole, (ne pas) tricher.

Tous les experts de la pédagogie et de l’apprentissage affirment le rôle fondamental du jeu pour développer les capacités intellectuelles et logiques des grands et des petits. Il s’agit, lorsqu’on joue, d’utiliser des capacités d’analyse et de mémorisation des situations, la stratégie et les probabilités et le calcul mental. Il est également nécessaire d’être attentif, concentré et organisé.

La présence, dans un jeu comme Governic, de cartes « chance » et « événements » aide aussi à l’adaptation du joueur à l’imprévu et par conséquent améliore sa capacité de prévoir différentes possibilités d’évolution.

Enfin, pour ce qui concerne la partie « projets » – qui caractérise le jeu Governic – , le joueur doit être capable de prendre la parole en public et argumenter ses idées d’une façon claire, cohérente et bien structurée, afin de convaincre les autres joueurs de la justesse de ses propositions.

En absolu, l’apport le plus important et essentiel du jeu est la possibilité d’expérimenter, dans en contexte informel, une situation que le joueur va être amené à vivre à différentes échelles durant toute sa vie de citoyen. Deux cas de figure sont envisageables : 1) le joueur expérimente la possibilité de défendre ses idées et ses intérêts, ou bien 2) il envisage, selon le public qu’il a devant lui, les propositions que vont obtenir un consensus. D’un point de vue sociologique, qui sera d’ailleurs approfondi, le jeu est un reflet fidèle de la personnalité des joueurs.

 


[1] Hermann Hesse, Le jeu des perles de verre.

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