Les conséquences de l’actuelle politique d’isolement de l’Iran

Les risques du programme nucléaire militaire de l’Iran sont avant tout une question d’opinions, celles-ci étant aujourd’hui très divergentes d’un bout à l’autre du globe. Cette confusion multiplie l’incertitude, ce qui équivaut dans les relations internationales à accroitre la menace de comportements hasardeux, irrationnels ou opportunistes.

Mais tout d’abord, ne soyons pas dupe: le programme nucléaire iranien est un excellent marronnier pour Israël afin de détourner l’attention des problèmes socio-économiques qui tourmentent ce pays. Le programme nucléaire Iranien n’est pas nouveau, seul son retour tonitruant dans l’agenda politique actuel semble surprenant. L’argument avancé le plus pertinent pour justifier la menace militaire iranienne réside en le  risque de prolifération nucléaire dans la région, si l’Iran continue son programme d’enrichissement. Néanmoins, le besoin de se défendre semble réel pour l’Iran, comme le montre l’encerclement militaire du pays par les États-Unis (les étoiles sur la carte ci-contre représentent les bases militaires américaines) et le caractère belliqueux d’Israël.  Obtenir la bombe est donc un moyen légitime pour l’Iran de ne plus être à la merci d’une attaque par Israël et les États-Unis. Les provocations réciproques ne favorisent pas une issue diplomatique à la crise actuelle.

 

Le 1er Juillet 2012 entrera en vigueur l’embargo européen sur le pétrole Iranien. L’Iran est l’un des plus importants pays exportateurs de pétrole au monde, ce qui signifie que d’autres pays exportateurs vont devoir augmenter leurs exportations pour maintenir une stabilité du cours de pétrole. Le poids stratégique de l’Arabie Saoudite va donc augmenter. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, les Européens seraient en mesure de faire face à une diminution de l’offre de pétrole sur le marché mondiale. Les marchés ont cependant anticipé une hausse puisque le cours du pétrole à déjà augmenté de 8% depuis l’annonce de l’embargo européen (le 27 janvier 2012). Sans élucubrer sur une potentielle mais (encore) peu probable pénurie, le poids économique de cet embargo est donc lourd pour l’Europe.

 

La Russie et la Chine ne participent pas à l’imposition des sanctions économiques à l’Iran. Non seulement ils considèrent que ce n’est pas aux États-Unis ou à Israël de déterminer qui a le droit de posséder la technologie nucléaire, mais ils n’ont de plus aucun intérêt à s’aliéner un partenaire économique. Ce ne sont pas des alliés importants d’Israël, ce dernier voulant régler le « problème Iranien » avant que les États-Unis ne se désengagent du Moyen-Orient.

 

Suite à l’invasion de l’Afghanistan en 2001 et de l’Irak en 2004, l’influence de l’Iran dans la région s’est accrue. Plus de 2 millions de réfugiés Afghan vivent en Iran, dont le rôle stabilisateur dans ce conflit est important. Le nombre de chiites en Irak a augmenté, ainsi que leur représentation au sein des institutions représentatives du pays (les chiites étaient marginalisés durant le règne de Saddam Hussein). Bien que les chiites irakiens restent divisés politiquement et ne suivent pas forcément les préceptes du régime Iranien, l’Iran a tout de même gagné en influence politique.

 

Une intervention en Iran aurait des conséquences négatives pour la région. De plus, l’Iran possède un bon arsenal militaire, qui, à en croire le leader Iranien Khamenei, à une portée atteignant Israel. En outre, son allié Syrien possède un bon radar pouvant détecter tout mouvement suspect dans la région. Il n’est pas certain que cela dissuade le gouvernement Israelien dans la tourmente.

2 réflexions au sujet de « Les conséquences de l’actuelle politique d’isolement de l’Iran »

  1. L’isolement n’attise que la haine, l’incompréhension et les dérives extrémistes. Mais quelle est la bonne solution dans tous ces conflits?

Répondre à Turek Philippe Annuler la réponse.

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