
L’Italie, en tant que membre fondateur de l’Union européenne depuis la signature désormais lointaine du traité de Paris de 1951 qui établit la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), sera chargée de diriger un orchestre désaccordé, loin des principes et des valeurs de l’unité et de l’union prononcés au cours des dernières décennies par les pères fondateurs, qui ne peut plus chanter l’Ode à la Joie. La devise de l’Union européenne, « Unie dans la diversité », semble être un lointain souvenir de mille ans, bien qu’il fut introduit en l’an 2000.
Avec ses nombreux problèmes internes, le « Bel Paese » devra monter un cheval débridé, donnant des coups de sabot aux valeurs de la démocratie, de l’égalité, de la tolérance et de la justice sociale, avec ses politiques d’austérité et la montée inévitable du populisme dans les 28 États membres. La lutte interne qui se déroule dans la botte empêche tout semblant de réponse aux problématiques de l’Europe. En Italie, les réformes sont un mirage, l’administration publique est un camion de marchandises avec des trous dans les roues et le manque de travail afflige toutes les générations. En bref, il ne manquait que le changement de gouvernement quelques mois avant les élections européennes (22-25 mai) et quatre mois avant la présidence.
Cependant, l’Europe des peuples attends des réponses que l’Italie va tenter d’apporter, le temps d’une présidence du Conseil de l’UE. En termes d’opportunités, les enjeux sont importants: l’Italie se situe parmi les pays qui « comptent » et devrait se révéler être un « Grand État », devant insister sur la coordination des politiques tels que l’emploi chez les jeunes, le revenu de citoyenneté et l’inclusion sociale afin de défaire les nœuds au niveau européen.
La présidence de l’UE reflète la volonté du gouverement qui en a la charge. Le gouvernement italien, hélas, est loin d’être prêt à faire face à ce semestre: il fait face à des minorités au sein même du parti de majorité, qui a pourtant formé un gouvernement de grande coalition. Il semble un virelangue mais il est l’image exacte que l’Italie va donner en Europe dans les prochains mois. L’hypothèse du fardeau serait alors celle qui s’approche le plus de la réalité. Dans un pays où tout se bloque en permanence pour des problèmes internes aux partis de gouvernement, les condamnés sont les leaders incontestés d’une grande partie de l’électorat. Alors qu’on ose aujourd’hui parler de réformes, il n’est par clair quels « produits » pourraient être présentés à l’UE.
Un pays où on utilise le « courrier certifié » pour envoyer un simple e-mail n’est pas un pays capable de saisir cette occasion. L’impression dominante est que la prochaine présidence sera un fardeau lourd à porter.