Des raisons politiques, géopolitiques et économiques peuvent expliquer cette prise de position. Tout d’abord, le droit de non ingérence est très important pour la Chine et la Russie. C’est une question de principe, le respect de la souveraineté des États étant une règle de base du système international. Il ne s’agit pas d’une crainte d’une intervention étrangère en cas de trouble intérieur, puisque les 2 nations disposent d’un droit de veto à l’ONU. Certains considèrent qu’il s’agit d’une réticence à soutenir des mouvements d’oppositions alors que ces États sont potentiellement sous la menace d’insurrections ethniques; c’est possible, mais leurs positions récentes favorables a une intervention en Libye prouvent le contraire.
Ensuite, la Syrie est un allié militaire de la Russie, ayant soutenu l’intervention Russe en Géorgie et restant un pays non-aligné par rapport à l’Occident. La Russie possède une base navale à Tartous, qui représente son point d’ancrage en Mer Méditerranée. La Syrie est également un excellent client pour l’armement Russe, principalement en ce moment. Quant à la Chine, elle a soutenu la position de la Ligue Arabe et ne possède pas d’accords militaires avec la Syrie. Cependant, la Chine préfère se montrer solidaire de la Russie et lui éviter l’isolement politique, puisque les 2 pays ont aujourd’hui de nombreux intérêts en commun. Enfin, les médias occidentaux évoquent des intérêts économiques et énergétiques entre la Russie et la Syrie, de grandes entreprises russes d’hydrocarbures, tel que Gazprom, étant présentes en Syrie.
Ces mêmes arguments peuvent également être invoqués à l’encontre des forces occidentales. Au delà de la thèse humanitaire, la France et les États-Unis souhaitent soutenir la Ligue Arabe afin de combattre un régime chiite allié de l’Iran, éliminer un gouvernement opposé à Israël, affaiblir le poids politique et militaire du Hezbollah au Liban, se montrer solidaire des mouvements arabes afin d’améliorer leur image et soutenir leurs intérêts économiques au Moyen-Orient.
Les représentants Russe et Chinois avaient déjà exprimés leur veto le 4 octobre 2011, contre une résolution dans laquelle le Conseil de Sécurité avait « exhorté le Gouvernement Syrien à mettre sur-le-champ un terme à sa violente offensive. » Il y a donc une continuité dans ce soutien à la Syrie, malgré la radicalisation actuelle de la situation. Le 10 Février 2012, la Douma (le parlement Russe) a corroboré la position de son gouvernement en estimant qu’imposer des exigences à la seul autorité Syrienne et vouloir imposer à tout prix un changement de régime n’est pas la solution. La Chine invoque les mêmes arguments pour justifier son veto. Les exemples récents d’intervention extérieure en Afghanistan, en Irak ou en Libye prouvent que ces arguments ne sont pas dénués de tout fondement. Au delà du choc des images d’un peuple qui souffre, les risques encourus par un soutien à une opposition divisée doivent être calculés. Modifier le cours historique d’un pays ne s’improvise pas.
Il est difficile de voter… D’un coté on voudrait mettre fin à ce qui est sans aucun doute une tragédie humaine, après presque un an de lutte, des milliers de morts et une grave dégradation de la société civile.
Les citoyens syriens eux-mêmes implorent une intervention, au tout au moins une prise de conscience du reste du monde (on peut lire la lettre ouverte de l’écrivain Khaled Khalifa du 6 février).
De l’autre coté, il y a toujours le vieux et sage « principe de non-intervention » soutenu par les nombreux témoignages des échecs des interventions, en termes de vies humaines et de distorsions l’évolution des sociétés post-conflits.
Tout cela, bien au delà des intérêts de la Russie et de la Chine…
Depuis le temps que les commissions d’enquête sur les attentats des membres du gouvernement Libanais ont établies les origines Syriennes de ces attaques, aucune mesure n’a été prise.
Aujourd’hui, le tyran martyrise son propre peuple sous l’œil indifférent de la communauté internationale. Tandis qu’en Iran les Ayatollahs continue à appeler à la destruction d’Israël…
Peut-être que quelques frappes chirurgicales sur les équipements militaires de ce pays permettra de stopper ces massacres.
L’intervention en Irak a été une erreur de Bush, l’inaction en Syrie est une faute de la part de tous nos dirigeants.
Je suis contre les interventions militaires à l’étranger par principe ayant été militaire de carrière, mais avons nous le droit de regarder un pays se décomposer de cette façon sans même apporter notre soutien à se destruction ?
Et puis on ne désarmera pas le Pakistan sans désarmer l’Iran, et pour cela il faut déjà stabiliser nos bases arrières et ne pas hésiter à pacifier la Syrie.
Que ce soit en Libye, en Égypte ou même en Tunisie, la vague des révolutions de l’année dernière ne semble pas avoir amélioré les choses au contraire. Ces zones ne se stabiliseront que lorsque la guerre économique cessera, il faut leur faire rendre les armes, car mieux vaux le chaos chez eux que chez nous.